Club « Éthique & Politique »

Président d'Honneur : Max CAVAGLIONE, Commandeur de la Légion d'Honneur

Président : Jean-Christophe PICARD

Réflexion (10 septembre 2000)

 

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Le dernier pouvoir

Nombreux sont ceux qui pensent que, avec la montée en puissance de nouveaux acteurs (le marché, le droit, les médias, les experts...), la politique n’a plus aucun pouvoir.

Or, cette analyse n’est pas simplement pessimiste, elle est réductrice.

Elle oublie que le pouvoir peut toujours se reconquérir, à l’instar de Philippe Le BEL qui parvint – par le droit – à imposer l’autorité du Roi à des vassaux pourtant parfois plus puissants que lui.

Elle omet l’importance du symbolisme en politique : comment expliquer autrement le maintien en Europe de rois et reines pourtant sans réelles attributions ?

Surtout, elle néglige le pouvoir fondamental qui reste aux acteurs politiques : le pouvoir de nomination. Max WEBER, dans "Le Savant et le Politique", avait bien compris que « toutes les luttes partisanes sont aussi et surtout des rivalités pour contrôler la distribution des emplois ». Les agents publics sont, en effet, très largement désignés par la classe politique qui use et abuse du recrutement "par contrat". La situation est accentuée dans les collectivités locales qui ont la possibilité de recruter "directement" (c’est-à-dire sans concours préalable) leurs agents d’exécution. Le recrutement "par concours", qui est pourtant le principe, est donc aujourd’hui largement contourné, voire remis en cause, au profit du recrutement discrétionnaire. Or, le pouvoir de nomination, en conditionnant la qualité du personnel des administrations, va déterminer la qualité du service public. Ce n’est pas rien ! Car, rappelons-le, l’administration est l’intermédiaire obligé entre les décideurs politiques et les citoyens. C’est également elle qui va appliquer concrètement les lois et les règlements.

Ce "dernier pouvoir" doit donc être davantage pris en considération. Il faudrait également – et surtout – qu'il soit mieux utilisé. Il conviendrait notamment de redonner toute sa place au concours pour réintroduire dans le recrutement des agents publics une idée devenue neuve à force d’avoir été oubliée : le mérite !

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